Factsson appareil photo est vissé a ses mains ▵ mélange la photo et la peinture ▵ peut rester à fixer ce qu’il y a autour de lui pendant des heures ▵ très observateur en gros ▵ et pourtant il en loupe des choses qui passent sous son nez ▵ se trimballe constamment un sketchbook pour ses idées ▵ n’a vraiment pas l’air de vivre dans le même monde ▵ très détaché parfois ▵ ca peut faire un peu peur quand il commence à marmonner dans le vide ▵ mais c’est sa façon de brainstorm, faut pas faire attention ▵ trouve quelque chose de fascinant en chaque chose ▵ sauf en lui-même yes ▵ si un sujet concerne l’image de soi, c’est fini pour lui ▵ autoportrait ? don’t know her ▵ fâcheuse tendance à ne pas prendre soin de lui quand il est plongé dans une œuvre ▵ il est dans la “zone”, tmtc ▵ carbure au café glacé ▵ amateur de pâtisseries ▵ ça lui donne des idées et la teneur en sucres pour la journée est parfaite ▵ ça fait des années qu’il se fait la même coupe de cheveux ▵ reçoit pas mal de compliments sur ses longs cils ▵ a un tatouage en forme de losange doré sur le cou ▵ il se souvient encore de la douleur qu'il a ressenti et pas assumé ▵ porte une blouse lorsqu'il peint ▵ elle finit tjrs dans des états pas possibles d'ailleurs ▵ son visage se retrouve aussi barbouillé ▵ tient son pinceau comme s'il allait poignarder quelqu'un ▵ très mal donc, mais ça marche
pour aider à visualiser ce qu'il fait, les oeuvres de Stev'nn Hall
ici et
là représentent bien ce qu'il a dans la tête.
CaractèreAilleurs, qu’ils disent. Constamment dans un autre univers. Les yeux rivés vers le ciel, l’objectif levé vers le soleil. Sören aime voir le monde au travers de son appareil, de ses toiles. Tout lui parait plus beau, moins réel. Il capture ce qu’il voit et les transforme en quelque chose de figé, d’éternel.
Sören n’est jamais réellement “
là”. Un coup absorbé par ses peintures, un coup complètement perdu dans ses pensées. Les idées fusent, les couleurs défilent sous son pinceau. Tant de choses à voir et pourtant, ce monde ne semble pas lui correspondre. Lui, rêve de formes, de sons que lui seul voit et entend. Il devient capable de
détruired’arra ch e r
de
bri / / ser pour
créer.
Sensible à son environnement, à ce qui l’entoure, il aime partager des moments avec sa solitude. Rien que lui et sa peinture. Imperturbable. Malgré tout, les humains l’interpellent. Il les observe, chaque existence étant singulière. Toutes représentant un nouvel aspect de la vie, particulières.
Curieux, toujours prêt à étendre son palais mental, tout est bon à étudier.
A observer.
A
d é c o u d r e de la réalité.
Ca le rend bavard, et les gens ayant déjà tenté de s’introduire dans son monde ont toujours fini par s’y perdre, comme happé, sans jamais pouvoir s’y retrouver. Mais c’est aussi ça, qui fait la beauté de sa
réalité.
Quelque chose
d’unique, à chacun.
HistoireSören ne sait jamais comment réellement se présenter. Son nom, prénom et âge donné, il est tout perdu sur ce qui suit. Alors, quand on lui demande comment il est arrivé à la SAU, c’est un peu la bataille.
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Né à Stockholm, en Suède, il a plus ou moins toujours baigné dans l’art. Son père étant conservateur de musée, il lui arrivait de s’y rendre après l’école. Pour regarder, admirer, s’interroger aussi. Ses après-midi s’écoulaient au rythme des visiteurs incessants et des discours répétés des guides autour de lui, bruyants. Si bien qu’il finit par connaître certaines œuvres par cœur, au fil du temps.
Un quotidien, une boucle qui le réconfortait, entre les œuvres qu'il admirait.
Sa mère quant à elle, était souvent en déplacement dû à son travail dans l’import-export. Dès qu’elle rentrait, elle lui ramenait de quoi gribouiller, créer et se distraire. Des souvenirs des quatre coins du monde. Mais lui ne l’admirait souvent que de sa fenêtre.
Le garçon n’était pas un grand bavard, il était plus facile pour lui d’écrire et dessiner que de dialoguer. À l’école, la communication n’était pas toujours évidente, les adultes qui l’entouraient, l’encourageaient constamment, le poussant à faire de son mieux, malgré ses difficultés. Alors, il privilégia les phrases courtes. Une honnêteté innocente, parfois blessante. Mais qui se faisait de plus en plus présente.
Le jour où il décida de prendre sérieusement le pinceau, c’est quand ses yeux tombèrent sur une peinture impressionniste. L’usage des couleurs, les lumières qui recouvraient la toile, l’aura éthérée qui s’en dégageait.
Son regard était comme happé par l’œuvre.
Une représentation qui lui parlait.
A laquelle il s’identifiait.
L’estomac noué, le regard figé, il a réalisé.
Lui aussi, voulait faire sortir ce qu’il voyait.
Lui aussi, voulait partager son monde secret.
Il prit les nombreux médias que sa mère lui avait ramené et se mit à créer. Dessiner.
Gribouiller.
Raturer. Pour s’approcher du monde qu’il voulait leur montrer.
Encouragé et guidé par son père, il se mit à étudier la peinture. Une activité qui le passionnait et qui rassurait. Sa bouche se déliait dès qu’on le lançait sur le sujet. L’éclat dans ses yeux brillait.
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Au collège, sa mère fit la connaissance d’une jeune coréenne pendant un de ses voyages. Leur amitié grandissante, les aller-retours en Corée pour les vacances se firent de plus en plus nombreux. D’abord déstabilisé et peu à l’aise, dû à sa routine perturbé, il finit tout de même par se lier d’amitié avec un des fils ayant à peu près son âge Kim Eunsung. Les deux familles partagèrent beaucoup ensemble, essayant de se retrouver le plus possible chaque année.
Les deux garçons devinrent inséparables. L’un emmenant l’autre découvrir de nombreux lieux et paysages qu’il n’avait jamais vu de ses propres yeux. Son monde se composa alors de nouvelles couleurs, de nouvelles formes. Plus il découvrait, plus il enrichissait son univers. Ainsi, la photographie vint doucement se glisser dans ses créations. Un calque d’un monde partagé par tous, sur lequel vint se plaquer sa vision
à lui, de la réalité.
C’est aussi avec lui que son coréen commença à se parfaire et une relation épistolaire se créa entre eux. Des lettres, des dessins, des cadeaux, s’empilant les unes après les autres, jamais laissées sans réponses.
Une fois entré au lycée, Eunsung lui fit part de l’existence de la SAU. À force de voir ses croquis, ses petits formats et la réputation sans précédent de l’école, il était évident pour son ami qu’il tente au moins la phase d’inscription. Sören ne s’était jamais arrêté de créer, affinant son coup de pinceau et ses photos. Grâce aux rappels et encouragements incessants de son partenaire, il finit par soumettre son dossier, sa lettre et son portfolio.
Pour la première fois, une anxiété naquit au creux de son estomac. Il n’avait jamais cherché à se faire remarquer. À se faire féliciter. Il voulait seulement créer, projeter son monde dans cette réalité qui ne lui convenait pas. Les quelques expositions qu’il avait menées ne l’avait jamais vraiment agité.
Mais cette fois, savoir qu’on allait le juger,
étudier et
pénétrer dans sa sphère, son univers, afin d’en définir sa valeur. C’était
angoissant. Presque
terrifiant. Et pourtant, c’était son monde rien qu’
à lui. Si ça ne leur allait pas, alors tant pis.
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Pour la plus grande joie de son entourage, la confirmation de sélection devint un jour de fête à la maison et les préparations pour son voyage se firent aisément grâce à l’aide de la famille Kim. Sören se rendit alors à Séoul afin d’entreprendre la suite de ses études.
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Appareil photo en main, le bras sur la pochette raisin, Sören ne s’arrête jamais de créer. Jeter ce qu’il veut montrer sur toiles, tirages, papiers. Altérer un monde dans lequel il n’arrive pas à se projeter. Ainsi, peut-être que lui aussi arrivera à y trouver une place qui lui est dédiée.